Les profils d’agresseurs
Les personnes qui se rendent coupables d’actes de pédocriminalité sont aussi diverses que les agissements visés par ce terme. Impossible de faire le portrait type du sujet pédocriminel. Les causes de ses actes sont multiples, à la fois éducatives, psychologiques, biologiques, culturelles, etc.
Pour cerner la personnalité des agresseurs, les psychologues proposent diverses explications et hypothèses qui restent à vérifier selon les cas particuliers.
On peut s’accorder sur le fait que, dans la grande majorité des cas, l’agresseur est connu de ses victimes. Il peut être célibataire ou marié et avoir lui-même des enfants, mener une vie sociale en apparence normale, bénéficier de l’estime de son entourage, et occuper parfois une position d’autorité et de confiance.
Il peut appartenir à toutes les catégories sociales, exercer toutes les professions (mais, il n’est pas étonnant qu’il ait choisi un métier en relation avec des enfants) et passer à l’acte à n’importe quel moment de sa vie. Les agressions sexuelles peuvent être commises par des hommes ou par des femmes.
L’absence de critère unique
En dehors des conduites répréhensibles, aucun critère ne permet de détecter avec certitude ce type de personnalité troublée. L’expérience montre cependant que les violences et agressions sexuelles sont souvent précédées par des alertes (gestes déplacés, comportements équivoques…), et qu’elles sont souvent rendues possibles par l’aveuglement, le silence ou le déni de l’entourage.
Si la grande majorité des personnes pédophiles sont des hommes, il existe aussi des femmes : le phénomène est moins connu. Certaines font preuve également de complicité vis-à-vis des actes commis par leurs conjoints par exemple.
Enfin, l’agresseur peut être mineur. Dans ce cas, il n’est pas rare qu’il ait lui-même subi des maltraitances dans son enfance.
Sur le plan psychique, la communauté scientifique reconnaît qu’il peut y avoir plusieurs classifications typologiques qui se croisent. L’immaturité affective, l’inadaptation de la relation à l’autre, la confusion entre des images mentales et la réalité, sont un fonds commun dont se détachent globalement plusieurs profils.
L’immaturité affective propre aux sujets pédophiles
La principale caractéristique de la personnalité pédophile est une immaturité affective et sexuelle. Peu ou prou, toute personne pédophile est prompte à se sentir dévalorisée, humiliée, amoindrie. Elle a honte d’elle-même et doute de sa valeur personnelle
Cette « faille narcissique » est cependant plus ou moins profonde et rigide.
Certains agresseurs sont parfois incapables de vivre leur sexualité avec des adultes, ils se reportent sur des enfants car ceux-ci ne les ridiculisent pas et ne rivalisent pas avec eux. Ils aiment leur propre image à travers l’enfant.
Pour d’autres – les sujets pervers par exemple – la fragilité est telle, qu’ils n’expriment aucune souffrance, dénient toute insuffisance personnelle. Leur désir et leur plaisir deviennent leur loi.
Des structures psychiques variables
Si cette immaturité sexuelle et affective représente comme un « fil rouge » dans le domaine de la pédophilie, une typologie s’appuiera aussi sur le besoin plus ou moins fort de domination, sur le statut de l’enfant victime… Certains sont, en effet, poussés par un besoin très fort de dominer, de souiller, voire de contraindre dans des conduites sadiques.
D’autres adoptent une conduite prudente qui évite des situations trop risquées. Certains ont une relation personnelle avec l’enfant ou le jeune, qui est alors souvent un proche, quelqu’un de connu. Pour d’autres, au contraire, l’enfant n’est qu’un objet, totalement interchangeable, ne jouant qu’un rôle strictement instrumental. Ils n’ont aucune perception de la souffrance de l’enfant.
Du point de vue de l’organisation psychique des sujets pédophiles, on peut finalement dégager, dans une perspective un peu réductrice, quelques types de personnalités.
Les personnalités névrotiques
Les personnalités névrotiques passent moins fréquemment à l’acte et savent, en général, que leurs conduites sont alors répréhensibles.
Certains, bien insérés socialement, recherchent avant tout la proximité de l’enfant (souvent un proche). Ils passent à l’acte par des caresses ou des attouchements.
D’autres présentent des fantasmes beaucoup plus envahissants. Souvent solitaires et quelque peu marginaux, ils assouvissent leurs désirs par la pornographie : sous l’effet de l’alcool ou de drogues, ils peuvent ponctuellement aller jusqu’au viol.
Les personnalités névrotiques sont conscientes de leurs fantasmes, de leurs frustrations et souvent en souffrent. Si elles viennent à être découvertes, elles éprouvent culpabilité et honte, comme une atteinte à leur image. Un traitement psychothérapeutique peut s’envisager.
Les personnalités perverses
Les actes pédophiles posés par une personnalité perverse s’avèrent particulièrement déroutants sur le plan de la raison humaine et singulièrement délétères, voire mortifères, dans leurs conséquences sur les victimes et leur entourage. Ces sujets luttent contre l’angoisse en procédant à un aménagement parfois très rigide, appelé « clivage du moi ».
Deux attitudes coexistent au sein d’une même personne. L’une est saine et peut faire douter de la véracité de l’accusation : « Tous, mais pas lui !».
L’autre, malsaine, est régie par la « loi de son désir » et impose à la victime des actes parfois très violents et un discours hautement captateur déniant la réalité.
Ces personnes peuvent être très intelligentes et très bien insérées socialement. Elles appartiennent parfois à des réseaux de pédophilie ou de prostitution infantile. Elles n’expriment aucune souffrance et n’éprouvent aucune culpabilité. Elles sont le plus souvent totalement incapables de reconnaître la gravité de leurs actes. L’entourage peut donc être extrêmement désarçonné, car cette personne pédophile trouve son plaisir à manipuler les autres : enfants et adultes, y compris experts et juges.
Les psychopathes
Il s’agit de personnes, souvent de faible niveau intellectuel, violentes et instables, très fortement dominées par leurs pulsions sexuelles.
Ces sujets associent les violences sexuelles à d’autres types de violence et de délinquance. Ils recourent fréquemment à la prostitution, adulte ou infantile. Leur but est moins la jouissance physique immédiate que celle provoquée par la peur, voire la terreur, inculquée à la victime. Il y a ici une volonté délibérée de salir l’enfant.
D’une grande froideur affective, ces personnes n’éprouvent pas non plus de culpabilité.
Les tueurs en série qui sont fréquemment des criminels sexuels appartiennent assez souvent à ce type de profil psychologique.
Dans la pratique, répétons-le, il n’existe cependant pas de sujet psychopathe ou pervers à « l’état pur ».
Depuis la personnalité névrotique avec une légère fixation pédophile jusqu’aux personnalités perverses immatures ou psychopathes, tous les intermédiaires existent. Mais certains sont plus dangereux que d’autres, en particulier à cause de la chape de silence qu’ils induisent. Il s’agit de les repérer sans se laisser manipuler.