Le pardon

Pardonner semble une attitude impossible.

Dans le cas de la pédophilie, les parents de l’enfant abusé se sentent profondément trahis : la confiance accordée a été bafouée. Ils éprouvent ce sentiment avec une grande intensité. L’enfant, lui, se sent souillé de façon indélébile. La honte a du mal à s’effacer. À lui aussi, pardonner semble impossible à tout jamais. Parfois, cependant, après un long mûrissement qui peut durer des années, une démarche de pardon s’ébauche et s’affirme.

Du côté de l’agresseur, demander pardon n’est pas non plus simple et facile. Le pardon demande bien des étapes, toutes nécessaires : l’aveu du mal commis, la responsabilité affirmée des actes posés, l’épreuve de la justice rendue, l’acceptation de la peine infligée, la mise en œuvre d’un accompagnement… Se reconnaître et être reconnu comme responsable – et coupable – de ses actes manifestent la dignité de la condition humaine, où un homme ne peut être réduit définitivement à ses actes, aussi criminels soient-ils. Demander pardon n’est pas oublier, ni occulter l’indicible. De même, la victime qui pardonne ne laisse rien dans l’oubli.. Alors devient possible d’entrevoir – ou non – le chemin long et douloureux du pardon.

L’Église croit que l’homme, même le plus criminel, peut retrouver une certaine dignité. Tout homme pécheur peut faire un chemin de conversion et prendre conscience que Dieu, dans sa miséricorde, l’invite à reconnaître sa faute, à se relever et à marcher de nouveau, bien sûr d’une autre manière car si le péché est pardonné, il n’est pas pour autant oublié.  Jésus, sur la croix, a affronté le mal et la violence humaine. Ses derniers mots étaient pour pardonner. « Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu», dit l’Évangile.

Pardonner est un acte difficile et, sans doute, un des actes qui manifestent, douloureusement mais sûrement, la grandeur de l’être humain face à la souffrance et au mal. Seules les victimes peuvent décider de pardonner ou de ne pas pardonner. Le pardon se donne et se reçoit. Il s’offre et s’accepte. Pardonner n’apaise pas la souffrance, ne guérit pas miraculeusement les blessures. Mais le pardon ouvre des chemins nouveaux pour un peu plus de liberté et d’humanité.