Le pardon

Pardonner semble une attitude impossible

A la suite d’actes de pédocriminalité, l’enfant ou l’adolescent peut se sentir souillé de façon indélébile. La honte qu’il peut ressentir peut avoir du mal à s’effacer. Pardonner peut lui sembler impossible. Les parents de l’enfant ou de l’adolescent agressé se sentent parfois profondément trahis : la confiance accordée a été bafouée. Parfois, après un long mûrissement qui peut durer des années, une démarche de pardon devient envisageable.

Du côté de l’auteur, demander pardon n’est pas non plus simple et facile. La demande de pardon passe par des étapes, toutes nécessaires : l’aveu du mal commis, la responsabilité affirmée des actes posés, l’épreuve de la justice rendue, l’acceptation de la peine infligée, la mise en œuvre d’un accompagnement… Se reconnaître et être reconnu comme responsable – et coupable – de ses actes manifestent la dignité de la condition humaine et du message chrétien. Un homme ne peut être réduit définitivement à ses actes, aussi criminels soient-ils.

Le pardon n’est pas l’oubli ni l’effacement des faits

Tout homme pécheur, même le plus criminel, peut faire un chemin de conversion et prendre conscience que Dieu, dans sa miséricorde, l’invite à reconnaître sa faute, à se relever et à marcher de nouveau, d’une autre manière car si le péché est pardonné, il n’est pas pour autant oublié.  Jésus, sur la croix, a affronté le mal et la violence humaine. Ses derniers mots invoquent le pardon : « Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34).

Pardonner est un acte difficile et, sans doute, un des actes qui manifestent, douloureusement mais sûrement, la grandeur de l’être humain face à la souffrance et au mal. Seules les personnes victimes peuvent décider de pardonner ou de ne pas pardonner. Le pardon se donne et se reçoit. Il s’offre et s’accepte. Pardonner n’apaise pas la souffrance, ne guérit pas miraculeusement les blessures mais ouvre des chemins nouveaux pour un peu plus de liberté et d’humanité.