« L’attention envers les victimes : notre responsabilité d’évêque »
« Les évêques de France, avec l’Eglise universelle et nos Papes récents, ont pris la mesure du fléau et de la souffrance que représente la pédophilie pour toute société. Depuis de longues années maintenant, ils s’appliquent à prévenir et signaler tout délit ou crime d’abus sexuels sur mineurs, commis notamment par des membres du clergé.
L’actualité récente nous a convaincus qu’il fallait aller plus loin, en accentuant la vigilance et en prenant davantage en compte les actes anciens, considérés comme prescrits ou n’ayant pas fait l’objet de plainte, dont les victimes continuent de souffrir durement.
Les normes de la justice étatique et canonique ont été récemment renforcées. Nous avons mis en place des instances nouvelles pour que tout pédophile fautif ne soit pas en état de récidiver dans une mission d’Eglise. Nous voulons aussi renforcer tout ce qui touche à la formation des éducateurs, animateurs et formateurs du clergé.
Par-dessus tout, les évêques ont pris la mesure des conséquences immenses de la pédophilie dans la vie personnelle, la psychologie et la vie spirituelle de ceux qui en ont été victimes. Nous percevons que le retentissement de ces actes reste une souffrance lancinante tout au long de la vie de chaque personne. Comment permettre de s’en relever, de sortir de la culpabilité, du ressentiment ou du désespoir parfois puissant que ces blessures ont causées ? Conscients que nous pouvons faire mieux et davantage, nous voulons mettre en place les moyens de l’écoute, du soutien, de l’accompagnement pour que les attentes et besoins de chaque victime puissent être entendues.
Cette attention envers les victimes est notre responsabilité d’évêque et nous ne nous y déroberons pas.
Ce site internet est un de ces outils utiles, mis à disposition du plus grand nombre pour obtenir des informations et découvrir, au besoin, la manière de prendre un contact. Vous pouvez y avoir largement accès. Nous espérons ainsi qu’il aide à grandir dans la confiance et l’estime de notre Eglise, chargée d’annoncer la bonté de Dieu à temps et à contretemps.
Le Christ, dans l’Evangile, place les enfants au centre de l’espace commun alors qu’on voulait les en écarter. Il fait de leur confiance en l’adulte l’image de la confiance totale envers Dieu. Depuis les origines l’Eglise honore et canonise des hommes et des femmes soucieux des enfants abandonnés, handicapés ou orphelins. Elle vit l’éducation, la promotion, l’aide à la croissance des enfants et des jeunes comme un axe essentiel de sa mission. Tout ce qui est de l’ordre de l’emprise, de l’abus – surtout sexuel –, ou de la négligence à l’égard des enfants et des jeunes est le contraire exact de la mission et de la raison d’être de l’Eglise. Cela est plus encore le cas quand ces abus sont commis par des éducateurs chrétiens ou des prêtres.
Nous sommes déterminés à lutter contre ce mal, avec l’aide et la vigilance de tous, en Eglise et dans la société, pour le bien de tous et parce que notre foi nous y engage. »
Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille, Président de la Conférence des évêques de France