L’Eglise au service des enfants et des jeunes
« Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits » Mt 18, 10
Cette sollicitude à laquelle Jésus Christ nous appelle est d’abord un engagement vigoureux en faveur des plus faibles, des plus démunis, des plus menacés et, parmi eux, les enfants et les jeunes. Une demande, qui n’a rien de facultatif, mais qui éclaire aussi une autre évidence : le travail d’évangélisation assume sa part éducative qui conduit le tout-petit enfant vers la pleine réalisation de sa vocation profonde. Découvrir l’Évangile, entrer dans la vie chrétienne est une démarche lente et patiente et jamais achevée. Il s’agit d’imprégnation, d’expérimentation, d’appropriation. C’est un appel réitéré à la Vie, au don de soi et au souci de l’autre.
L’éducation chrétienne est enracinement de croissance de l’enfant dans la foi. Elle accompagne les premières découvertes, toutes baignées d’affectivité, les premiers raisonnements d’une intelligence qui s’éveille, comme les rudes chaos de l’adolescence où la personnalité se cherche et s’affirme.
Elle est appel à vivre plus et mieux. Plus largement. Plus audacieusement. Elle travaille à l’épanouissement d’une vraie liberté. L’éducation chrétienne ne sera donc jamais une activité superflue ou facultative.
Pas d’église sans enfants et sans jeunes
Une Église sans enfant et sans jeune ne saurait être pleinement l’Église de Jésus Christ.
On comprend mieux, alors, l’ardeur et le génie déployés par celle-ci, depuis tant de siècles et dans tant de points du globe, pour assister, secourir, éduquer les enfants.
En France même, on n’en finirait pas de décliner la litanie des belles initiatives prises par l’Église en faveur de l’enfance : maternités, orphelinats, écoles populaires, collèges, lycées, patronages, colonies de vacances, mouvements de jeunesse aux cent visages, sans oublier l’institution catéchétique.
L’engagement propre de l’Église au service des enfants et des jeunes reste majeur et fondamentalement lié à sa mission.
D’ailleurs, l’éducateur chrétien, qu’il soit prêtre, enseignant, animateur sportif, religieux, religieuse, père ou mère de famille, responsable d’aumônerie ou chef scout, reste une belle figure respectée par nos contemporains. Une figure où se mêlent compétence, générosité, proximité, fidélité. De cela, peut naître une légitime fierté.
L’Église se réjouit également de voir la société civile s’engager avec courage autour d’enjeux éducatifs nouveaux et parfois redoutables. De même, ici et bien au-delà de nos frontières, naît une conscience plus vive des droits fondamentaux de l’enfant à respecter et à promouvoir.
Une blessure infiniment grave
En examinant ses propres initiatives, l’Église ne peut faire l’économie d’une lucidité sereine, loin d’une autosatisfaction rigide comme d’un esprit malsain de masochisme.
Comme dans toute entreprise humaine où le Mal est à l’œuvre, les failles et les blessures ne manquent pas. Les rigueurs excessives, la discipline écrasante, les excès de pouvoir sur les esprits et les cœurs ont à raison été dénoncés. Aujourd’hui, une autre blessure infiniment grave et douloureuse a surgi. Un certain nombre d’éducateurs chrétiens, et parmi eux des prêtres, sont accusés d’actes de pédophilie qui, parfois, remontent loin dans la mémoire des victimes.
Pourquoi, dans l’Église, tant de ces violences ont-elles été ignorées, refoulées, sous-estimées ou, plus graves, dissimulées ?
Une éducation chrétienne qui affirme sa source et ses valeurs
Il faut le réaffirmer avec force : l’engagement de l’Église au service des enfants et des jeunes est plus que jamais nécessaire. Il est même urgent. On sait le besoin immense de repères éducatifs, le désarroi affectif de tant d’enfants et de jeunes, la demande d’un accompagnement de qualité, la nécessité d’une éducation chrétienne qui ne craint pas d’affirmer sa source et ses valeurs. C’est cela qu’il importe de continuer et de développer, sans peur ni démobilisation afin de garantir la sécurité de tous les enfants et les jeunes que nous avons la joie de servir.