Des relations éducatives saines
Dans la plupart des cas, les enfants et les adolescents victimes de violences sexuelles connaissent bien leur agresseur. Celui-ci fait partie de leur entourage familial ou éducatif. La relation, à un moment donné bascule dans l’horreur.
Avant de voir comment et pourquoi de tels faits peuvent se produire, il importe de comprendre ce qui caractérise une relation éducative ajustée et saine.
Une attention de tous les instants
La bientraitance des enfants et des adolescents est l’objectif premier et le cadre dans lequel s’inscrit toute action éducative. Cela impose aux éducateurs de donner à chacun, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte, les moyens de grandir et de s’épanouir de façon harmonieuse et intégrale. Cela requiert des compétences relationnelles et éducatives.
Le respect du corps
Cet apprentissage commence par le respect de l’intimité et de la pudeur nécessaire à chacun dans la vie quotidienne, dès la toute petite enfance.
Il est bon de pouvoir donner, de façon adaptée à chaque âge, des mots pour désigner les parties du corps, de poser ce qui est formellement interdit, ce qui est permis et ce qui ne l’est pas.
Au-delà, il faut permettre et même encourager chacun, tout au long de l’enfance et de l’adolescence, à créer son espace d’intimité : des relations d’amitié, des confidents, développer son intériorité, avoir des objets personnels…
La reconnaissance de la différence sexuelle
Les rythmes et les besoins des filles et des garçons sont différents selon les âges et les contextes.
Il faut faire droit à ces différences en instituant parfois des activités adaptées et des espaces réservés, comme les vestiaires au stade, les coins toilette et les tentes séparées en camp de vacances…
Ceci est particulièrement important au début de l’adolescence, lorsque les décalages de maturité sont les plus importants. Les besoins des filles et des garçons ne sont pas tous identiques, les singularités doivent pouvoir être honorées.
L’apprentissage des « mots pour le dire »
En tenant compte des spécificités propres aux garçons et aux filles, on développera leur capacité à parler de sujets importants comme l’amitié, l’amour, la sexualité, la mort…
Il est important d’apprendre à nommer ce qui habite l’esprit, à cerner des sentiments complexes, à dire avec nuance ce qu’on ressent dans sa tête et dans son corps.
Ceci les aidera à exprimer ce qui les bouleverse ou les rend malheureux, à donner l’alerte pour recevoir de l’aide ou pour en apporter, même si c’est très difficile à dire, et leur permettra de détecter les sollicitations malhonnêtes. Des occasions propices à ces échanges sont à organiser (activités sportives, transports, tâches communes…).
Une véritable éducation affective relationnelle et sexuelle
Ce sujet touche chacun, adulte ou enfant et adolescent, au plus profond de soi : savoir parler de sexualité de façon juste, sans la réduire ni à sa mécanique, ni à ses risques, demande une formation adaptée, du temps, de la compétence, de la réflexion et de la délicatesse. Il faut pouvoir répondre naturellement à l’immense curiosité des petits enfants sur les mystères de la vie et aux questions des adolescents, en les reliant toujours à l’amour, en donnant les informations demandées avec des mots adaptés à chaque âge. Ils sauront ainsi qu’il est possible de parler de ce sujet-là, qu’il y a des réponses que les adultes sont prêts à donner.
Si un enfant se voit imposer ou est confronté de manière inopinée à une sexualité adulte, il ne peut pas comprendre ni « élaborer » psychologiquement ce qu’il vit : il est littéralement débordé par la situation. Il revient aux adultes de signifier le bien, le mal, les interdits et la loi.
Le nombre des enfants et des adolescents exposés à la pornographie et/ou cible de harcèlement est en nette augmentation. Il est urgent d’enrayer ce phénomène délétère et d’engager tous les moyens éducatifs pour accompagner les enfants et les adolescents qui sont confrontés à la violence de ces images et de ces situations.