En l’absence de faits précis : comment protéger l’enfant ?

Il s’agit de réagir à un faisceau d’éléments préoccupants, alarmants qui laisse entendre qu’un enfant ou un adolescent est en danger ou en risque de danger. Malheureusement, dans les affaires de pédocriminalité, les situations sont souvent confuses. Dans le doute ou l’incertitude, on est tenté de s’abstenir de réagir. Il faut donc en parler, pour ne pas risquer de passer à côté d’une maltraitance. Lorsque des années plus tard, un scandale éclate, nombreux sont ceux qui se souviennent avoir noté quelque chose mais se sont tus. La réaction doit s’adapter aux circonstances. La protection de l’enfant et de l’adolescent est la priorité absolue : on se placera d’emblée du côté de la personne victime et du plus faible.

 

Des situations familiales préoccupantes  

Un mineur peut présenter des signaux d’alerte qui inquiètent des éducateurs et laissent entendre qu’il y a dans la famille des fragilités, des dysfonctionnements (violences verbales et/ou physiques envers les enfants, violences conjugales et/ou climat incestuel). L’adulte, après avoir évalué avec d’autres la pertinence de son discernement, doit alerter l’un des services sociaux chargés de la protection de l’enfance :

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  • La cellule de recueil, d’évaluations et de traitement des informations préoccupantes du Conseil général (CRIP) ;
  • Le médecin d’un centre de PMI (Protection Maternelle et Infantile) auquel chaque commune est rattachée ou le médecin ou infirmière scolaire ;
  • Les assistantes sociales du secteur, par l’intermédiaire de la mairie ou du centre social local ;
  • Le service d’aide social à l’enfance (ASE) du Conseil général de chaque département ;
  • Le CMPP (centre médico-psycho-pédagogique).

Des standards d’appel (voir page X « numéros utiles ») sont à disposition pour alerter, conseiller et orienter.

Les services sociaux interviennent dans les familles pour évaluer la situation. S’il y a des problèmes particuliers et/ou refus de collaboration de la famille, les autorités judiciaires seront alertées. L’accompagnement des familles sera également assuré s’il s’agit de difficultés psychologiques ou matérielles.

L’éducateur peut prendre lui-même contact avec ces services ou conseiller aux parents de l’enfant de le faire. Cette démarche, avec des éléments imprécis, permet d’alerter les autorités administratives et judiciaires et de ne pas rester inactif sur d’éventuelles difficultés graves, en confiant le soin à des spécialistes, mieux à même de les gérer, dans le respect de toutes les personnes concernées.

 

Des attitudes préoccupantes d’un prêtre ou d’un laïc

L’inquiétude peut provenir de rumeurs, d’informations plus ou moins précises, de lettres anonymes, ou simplement d’un sentiment de malaise ressenti devant les pratiques éducatives de l’intéressé ou le type de relations qu’il noue avec les enfants et les adolescents.

  • Comme dans les situations précédentes, il faut, tout en gardant un souci de prudence face à ses rumeurs, ne pas rester seul avec son inquiétude, la partager avec discrétion avec deux ou trois personnes de confiance pour en évaluer la pertinence.
  • Le supérieur hiérarchique de la personne mise en cause doit être prévenu et intégré au dispositif qui suit.
  • Si les faits concernent un ou des enfants ou adolescents identifiés, il convient d’alerter les familles et l’un des services de protection de l’enfance comme il est indiqué plus haut.
  • Ensuite, il est utile de faire part de ces inquiétudes partagées au mis en cause, toujours à plusieurs, afin de restaurer un climat conforme au lieu et rôle de chacun. Et ceci en montrant une grande fermeté sur le respect des personnes impliquées et les conséquences qu’il faudra tirer le cas échéant.

 

Au cours de l’entretien, plusieurs hypothèses peuvent se présenter.

  • L’éducateur, prêtre ou laïc, éprouve des difficultés dans ses relations avec des enfants ou des adolescents pour des raisons toutes autres qu’une attirance pédophile ou éphébophile : un entretien peut l’aider à en prendre conscience et à identifier des attitudes à modifier.
  • L’intéressé peut ne pas reconnaître ses difficultés et même tenter de manipuler ses interlocuteurs. L’entretien peut, en fonction de sa personnalité plus ou moins fragile ou perverse, prendre une tournure difficile,
  • Si un tel entretien n’est pas possible ou souhaitable, ou s’il a eu lieu mais n’a pas permis de dissiper les doutes, alors le responsable hiérarchique de l’intéressé déterminera les suites à donner.

En cas d’hésitation sur la personne à prévenir, il est toujours possible de s’adresser au délégué épiscopal à la prévention et la protection des mineurs, le vicaire général ou à l’évêque directement.